[ PORTRAIT ]
Comédien // Suède
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Rencontre avec Thomas Hanzon
"Chaque vin a son unique combinaison d'arômes : il peut être léger, tannique, avoir plusieurs strates."
Coulisses du Théâtre Dramatique Royal – ou Dramaten – à Stockholm. Dans l'une des deux loges d’origine du bâtiment, érigé en 1908, nous retrouvons Thomas Hanzon, comédien et membre du Dramaten depuis 35 ans.
Avant d'être sur scène, c’est avec l’équipe nationale de football qu’il jouait. Puis, coup de théâtre, il arrête brutalement sa carrière, crée sa propre troupe et rejoint le Dramaten, où il travaillera notamment avec Ingmar Bergman. À l’affiche des pièces August Osage County, Fanny et Alexandre, Mort d’un commis voyageur, Peer Gynt, The Inheritance... Thomas Hanzon est également apparu dans plusieurs longs métrages, dont Cibles Mouvantes, actuellement sur Netflix.
Cette fois-ci, à nous de lui donner la réplique pour relater ses pérégrinations dans le monde du vin, depuis sa toute première fois avec le Beaujolais Nouveau, jusqu’aux rivages des Pinots Noirs de Nouvelle-Zélande.
Comment a commencé votre intérêt pour le vin ?
THOMAS HANZON
Je ne m'intéressais absolument pas au vin jusqu’à l’année de mes 19 ans, où je me suis retrouvé à Blois. Je venais de finir ma carrière de footballeur et je voyageais à travers l'Europe. Je n'avais aucun plan, alors, quand j'ai rencontré un homme qui m'a proposé de travailler dans sa ferme, j'ai saisi l'opportunité. C'était en novembre, et un jour, il est sorti avec des bouteilles dans chaque main, en criant joyeusement “Le Beaujolais nouveau est arrivé !”. À l'époque, je n'avais aucune idée de ce que c'était, mais c'était divinement bon. C'est la première fois que je ressentais qu'un vin pouvait être à la fois bon et facile à boire. C'en était presque romantique ! Et aujourd'hui, je ne pense plus que le Beaujolais Nouveau soit forcément très bon...
C'est la première fois que je ressentais qu'un vin pouvait être à la fois bon et facile à boire. C'en était presque romantique !
Vous étiez un footballeur talentueux ! Pourquoi avoir tout arrêté après avoir décroché un contrat professionnel ?
THOMAS HANZON
J'ai malheureusement découvert que c'est un monde conservateur et étroit, avec beaucoup de préjugés. Et puis, j'ai également réalisé pourquoi je jouais : pour obtenir l'amour de mon père. C’était un père absent et un grand fan de football. Quand j'ai réalisé ça, j'ai préféré abandonner.
Pourquoi le théâtre ? C'est un changement de carrière assez radical.
THOMAS HANZON
Oui, c'est un peu une coïncidence que je sois devenu acteur. Quand j'ai raccroché les crampons, j'ai envisagé deux options pour la suite : avocat ou acteur. Pourtant, personne dans ma famille ne venait du monde du théâtre, mais cela me semblait être un monde magique. Puis, par hasard, un ami avait besoin de figurants. Je me suis porté volontaire et j'ai adoré. Peu de temps après, j'ai créé ma propre compagnie de théâtre puis j'ai ensuite participé à un spectacle acclamé au Théâtre de la Ville de Stockholm... Et voilà maintenant 35 ans que je suis comédien au Dramaten.
Impossible de ne pas vous demander : Comment était votre collaboration avec Ingmar Bergman ?
THOMAS HANZON
Fantastique, je dirais. Notre relation a pris un tournant lorsque j'ai osé remettre en question la présence d’une corde dans la mise en scène de la pièce Peer Gynt. Tout le monde avait très peur d'Ingmar, mais je n'aimais vraiment pas l'idée qu’une corde circulait entre les acteurs. J'avais ma propre idée que j’ai appliquée pendant la répétition. Quand Ingmar l’a vu, il nous a crié d'arrêter et m'a appelé. Je lui ai dit que je pensais que mon idée était meilleure que la sienne. Il a écouté, expliqué, et j'ai donc mieux compris. Depuis ce jour-là, il commençait toujours les répétitions par “Thomas pourrait avoir d'autres idées”. Ça l’amusait sûrement, que, pour une fois, quelqu'un osait le contredire !
Ça amusait sûrement Ingmar Bergman, que, pour une fois, quelqu'un osait le contredire !
Revenons au vin. Comment votre intérêt a-t-il évolué depuis ce Beaujolais Nouveau ?
THOMAS HANZON
Désormais, j'ai une approche totalement différente. Ce qui me plaît avant tout c’est de déguster des vins encore jamais goûtés auparavant et découvrir leur unique combinaison d'arômes et de saveurs : le vin peut être léger, tannique, avoir plusieurs strates. En même temps – il y a des milliards de vins, donc je dois encore affûter ce que j'apprécie. Une de mes activités préférées est de dénicher des vins bon marché dans les supermarchés en France. J'ai une excellente application vin grâce à laquelle je peux trouver des bouteilles à 10 € qui coûteraient autrement entre 80 et 90 €.
Vous semblez particulièrement porté sur les vins français et vous vous rendez souvent là-bas. Qu'est-ce qui vous y attire ?
THOMAS HANZON
Voyager à travers les petits villages et acheter des vins locaux ! Il y a un peu la sensation de tenter sa chance pour réussir à dénicher de bonnes choses. La seule chose triste, c'est qu'il est parfois difficile de retrouver ces vins, alors ils deviennent des souvenirs. Par exemple, l'été dernier, lors de mon voyage en Provence, j'ai découvert un vin rouge fantastique du Château Crémade dans la petite appellation de Palette au nord d'Aix-en-Provence. La Provence n'est pas très connue pour ses vins rouges, mais celui-ci était assurément l'un des meilleurs que j'ai dégustés.
Il est parfois difficile de retrouver ces vins, alors ils deviennent des souvenirs.
Une question compliquée, maintenant : avez-vous un vin préféré ?
THOMAS HANZON
La Bourgogne, sans aucun doute. Leurs vins me séduisent, cet équilibre entre la douceur, l'acidité, les tanins… ils renferment tant de choses tout en restant équilibrés. Ces vins me stimulent mentalement. Mais pour vivre ces expériences, malheureusement, il faut monter en gamme de prix. Heureusement, j'ai la chance d'avoir un ami qui importe du vin, et grâce à lui, j'ai découvert les vins de Pinot Noir issus d'autres régions du monde. Les seuls qui puissent vraiment rivaliser avec la Bourgogne, à mon avis, sont ceux de la Nouvelle-Zélande. Leur climat frais convient bien à ce cépage.
Je compare souvent le vin à la cuisine. Les ingrédients doivent se compléter mutuellement pour trouver l’équilibre et l’harmonie.
Que cherchez-vous dans un vin ?
THOMAS HANZON
Encore une fois, l'équilibre, l’harmonie entre les différents arômes et sensations. C’est pourquoi je compare souvent le vin à la cuisine. Rien ne doit ressortir, les ingrédients doivent se compléter. Ensuite, il y a l'aspect du temps. Un bœuf bourguignon, par exemple, ne fait que s'améliorer s'il est laissé à mijoter pendant une journée, tout comme de nombreux vins s’épanouissent avec le vieillissement. Tout est dans les petits détails !
Le vin rassemble, c'est une boisson incroyablement sociale !
Et, en dehors des sensations gustatives, qu’est-ce que représente le vin pour vous ?
THOMAS HANZON
C'est une boisson incroyablement sociale, le vin rassemble ! Ouvrir une bouteille, c’est vouloir la partager avec d’autres, comparer ensemble l’expérience des arômes. Et c'est aussi une récompense, à la fin de la journée, pour accompagner le moment de se détendre. Un verre de vin rend aussi plus créatif, mais, je pense que cela s'estompe après deux verres (rires) !
Un verre de vin rend aussi plus créatif, mais, je pense que cela s'estompe après deux verres (rires) !
Article - Lena Särnholm
Journaliste depuis son adolescence, elle a débuté comme reporter d'actualités et a fini par travailler au magazine équestre Ridsport, où elle a occupé le poste d'éditrice pendant plus de 20 ans. Puis, son intérêt pour le vin a pris le dessus. Lena Särnholm a étudié pour devenir sommelière à l'Académie suédoise de la restauration et travaille en tant que pigiste dans le domaine du vin et des sports équestres. Elle écrit principalement pour le magazine culturel du vin Törst, Star Wine List et In Vino, et travaille à temps partiel dans un bar à vin à Stockholm. Elle participe régulièrement aux vendanges, principalement dans la région de la Loire. Elle est l'ambassadrice suédoise pour PIWI International.
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